Gallien - Kupka - Kandinsky: Concert Spirituel
« Que vous alliez jusqu'à l'abstraction de la peinture dite abstraite, voilà qui est héroïque ! En somme vous réduisez cette peinture dite abstraite déjà si épurée, à quelques noirs sur blanc, ou inversement.
Del Marle eut peut-être raison lorsque, revenant de chez vous, aussi bouleversé qu'émerveillé, il me dit : "Que ce Gallien est cruel ; c'est le véritable Torquemada de la peinture !..." »
Lettre de František Kupka à Pierre-Antoine Gallien, juillet 1925
Au siècle dernier, les années 1910 sont le théâtre d'un changement artistique radical et déterminant avec l'invention de la peinture abstraite.
Trois artistes, trois cultures, trois pensées, vont illustrer ce combat pour un art en rupture avec le monde des apparences, Frantisek Kupka, Pierre-Antoine Gallien et Wassily Kandinsky. Membres emblématiques d'un mouvement en rupture avec son temps, ces pionniers franchissent le seuil de l'abstraction entre 1911 et 1919, années durant lesquelles ils développent chacun leurs propres formulations. Baignés de musique, de spiritualité, d'ésotérisme, et de sciences, un « concert spirituel » les unis vers une quête commune d'un art libéré de la représentation
Peintre, graveur, Gallien est le plus ardent défenseur de la peinture non-figurative. Plongé dans le secret de son atelier, il se livre à une recherche spirituelle et théorique en quête d'une peinture exempte de toute figuration. Il construit une œuvre fondée sur le modèle hiérarchique de la franc-maçonnerie : l'Apprentissage, le Compagnonnage et la Maîtrise, poussant ses recherches jusqu'à supprimer la couleur. Pour lui, le noir et le blanc deviennent « l'art aristocratique, suprême, absolu par excellence ». Il signe de l'anagramme de son nom : « peintre-à-la-ligne-noire »
En 1921, Gallien rencontre Kupka. Pendant dix ans, les deux artistes échangent et théorisent leur vision nouvelle, s'enrichissant d'expériences mutuelles. Kupka s'intéresse à la biologie, à l'astronomie, aux sciences exactes, à la théosophie et, l'ésotérisme, en quête d'une histoire universelle de la pensée vouée à un art nouveau, libre de toute référence au monde réel. L'acmé de leur union de pensée se matérialise avec la conception d'une œuvre majeure de Kupka: l'album de gravures sur bois « quatre histoires de blanc et de noir ». Gallien apportera son aide technique et participera à la rédaction de la préface. L'œuvre fera acte de manifeste pour Kupka.
Précurseur, le maître Kandinsky pose les bases d'un nouveau langage pictural, fondé sur une considération spirituelle de l'art et de la couleur, où l'agencement des formes colorées prime sur la représentation objective de la réalité. La peinture devient alors son propre objet, et afin d'élever l'âme humaine, l'œuvre d'art doit dorenavant procéder de la nécessité intérieure de l'artiste.
En 1911, Kandinsky conçoit sa première œuvre abstraite : « peinture avec un cercle ». Aboutissement et point d'orgue, ce tableau ouvre d'immenses perspectives, qu'il théorise dans son ouvrage « du spirituel dans l'art ».
Ce texte fait date dans l'histoire de l'Art. En 1926, Gallien l'introduit en France dans un important article critique marquant l'intense réflexion théorique d'un art européen en pleine transformation.
Organisée en collaboration avec Patrick Imbard, spécialiste de l'œuvre de Pierre-Antoine Gallien, l'exposition « Concert spirituel : Gallien, Kupka, Kandinsky » réunit un ensemble d'œuvres marquantes permettant la compréhension des débuts de l'art abstrait - dessins, bois gravés et huiles sur toile réalisées de 1919 à 1942.
La deuxième décennie du siècle dernier a été le théâtre d’un changement artistique radical et déterminant avec l’invention de la peinture abstraite.
Trois artistes, trois cultures, trois pensées illustrent ce combat pour un art en rupture avec le monde des apparences, František Kupka, Pierre-Antoine Gallien et Wassily Kandinsky. Ces pionniers franchissent le seuil de l’abstraction entre 1911 et 1919, années durant lesquelles ils développent chacun leurs propres formules. Baignés de musique, de spiritualité, d’ésotérisme et de sciences, ils composent une sorte de « concert spirituel » tendu vers un même idéal, celui d’un art libéré de la représentation.
Peintre et graveur, Gallien est le plus ardent défenseur de la peinture non-figurative. Dans le secret de son atelier, il se livre à la recherche spirituelle et théorique d’une peinture exempte de toute figuration. Son œuvre, fondée sur le modèle hiérarchique de la franc-maçonnerie, apprentissage, compagnonnage et maîtrise, ira avec le temps jusqu’à supprimer la couleur, au profit des seuls noir et blanc, représentant pour lui « l’art aristocratique, suprême, absolu par excellence ». Il signe alors de l’anagramme de son nom : « Peintre-à-la-ligne-noire ».
En 1921, Gallien rencontre Kupka. Pendant dix ans, les deux artistes échangent et théorisent leur vision nouvelle, s’enrichissant l’un l’autre de leur expérience personnelle. Kupka s’intéresse à la biologie, à l’astronomie, aux sciences exactes, à la théosophie et à l’ésotérisme, en quête d’une histoire universelle de la pensée vouée à un art nouveau, débarrassé de toute référence au monde réel. L’acmé de cette communion de pensée se matérialise dans la conception d’une œuvre majeure de Kupka : l’album de gravures sur bois Quatre histoires de blanc et de noir, Gallien apportant son aide technique et participant à la rédaction de la préface. La publication fait acte de manifeste dans l’œuvre de Kupka.
Considéré comme le principal fondateur de la peinture abstraite, Kandinsky élabore un nouveau langage pictural reposant sur une intuition spirituelle de l’art et de la couleur. Pour l’artiste, l’œuvre d’art doit procéder de la nécessité intérieure de son créateur, et son rôle est d’élever l’âme humaine. Kandinsky expose ses théories dans un fameux traité, Du spirituel dans l’art, paru en 1911. Cet ouvrage fondateur dans l’histoire de l’art du xxe siècle, Gallien l’introduira en France, en 1926, dans un article critique rendant compte de l’intense réflexion théorique d’un art européen en pleine transformation.
Organisée en collaboration avec Patrick Imbard, spécialiste de l’œuvre de Pierre-Antoine Gallien, l’exposition « Concert spirituel : Gallien – Kupka – Kandinsky » réunit un ensemble d’œuvres marquantes illustrant et donnant à comprendre les débuts de l’art abstrait – dessins, bois gravés et huiles sur toile réalisés entre 1919 et 1942.