Cette oeuvre est à rapprocher de la composition 'les deux acrobates (les plongeurs)', de 1942-43 (Catalogue raisonné, n° 1108)'LES PLONGEURS OU MOUVEMENT DANS L'ESPACE' Fernand Léger est une des rares...
Cette oeuvre est à rapprocher de la composition "les deux acrobates (les plongeurs)", de 1942-43 (Catalogue raisonné, n° 1108)
"LES PLONGEURS OU MOUVEMENT DANS L'ESPACE"
Fernand Léger est une des rares peintres de notre temps dont l"oeuvre, depuis ses débuts, tende à se rapprocher du peuple. Ce livre expose une phase de son évolution vers la simplification et le langage monumental. Tel est le sens de la série des Plongeurs que Léger a commencé à Marseille (1940) et développée à New-York. On peut observer dans ces illustrations la force de condensation qu'il déploya, les abréviations et la solution d'un problème qui a intrigué l'artiste : la représentation du mouvement dans une masse. Dès Marseille, on voit des formes inarticulées sur une plage. Bientôt la base horizontale disparaît et se transpose sur un plan vertical. Les baigneurs étendus sur le sable deviennent des plongeurs. Plongeurs: c'est un nom, rien de plus. Mais il indique que les éléments sont placés dans l'"espace" et sur le plan vertical. Massés comme des abeilles en un vol nuptial, les volumes se simplifient de plus en plus et se ramènent à l'essentiel.
Voilà des Plongeurs sur fond jaune aux formes tendues de forts contours noirs. Ce nuage de mouvement sur fond jaune, accompagné à droite et à gauche de surfaces de couleurs bleu et rouge, est pénétré d'objets noirs irréguliers, peut être des racines stylisées. C'est tout comme si la masse volait simultanément à travers le ciel et la mer. Présence statique du mouvement ! Tout est saisissable. Mais l'énigme commence au moment où l'on veut tout arrêter par une interprétation stéréotypée.
Plus la série des Plongeurs avance, plus les formes et e nombre des figures se simplifient. Elles se condensent et se purifient. Deux êtres mêmes suffisent pour personnifier le mouvement dans une masse. Des plans de couleurs transparents traversent leurs formes guidées par d'autres contrastes. Les contours dessinés sur le fond de la toile se réduisent à des signes d'une fermeté absolue et librement tracés dans l'espace comme l'écriture d'un aéroplane dans la stratosphère.
Où sont les murs dans les bâtiments publics des Etats-Unis et du Canada qui se prêtent à ce langage ?
Oui, où sont ces murs ?
Je ne les vois pas.
S. Giedon (traduit par Eloi de Grandmont), New York, janvier 1945 : Fernand Léger, La Forme humaine dans l'espace, 1938-1944, Montréal, 1945, éditions de l'arbre